L’avenir de la « dernière cimenterie » d’Île-de-France, près de Mantes-la-Jolie, dépend de l’exploitation d’une carrière de calcaire voisine. L’autrice de cette tribune réfute les arguments « verts » des promoteurs du projet, arguant qu’une telle activité polluante et dévoreuse de terres n’a plus sa place aujourd’hui.
Ça bouge dans la vallée de la Seine. Depuis un an, plus de 40 maires des Yvelines — dont ceux de Poissy, Les Mureaux, Mantes, quatre conseillers départementaux ainsi que le député du secteur ont signé une motion demandant l’arrêt d’un projet d’extension de carrières cimentières porté par la multinationale Heidelberg-Cement près de Mantes. Il y a polémique sur ces projets depuis… les années 1980.
La cimenterie de Gargenville date de 1921 et se situe aujourd’hui en pleine communauté urbaine (11.000 riverains, 26.000 voisins) dans une zone classée « sensible » pour la pollution atmosphérique — avec des conséquences avérées pour la santé (maladies respiratoires, etc.). Elle fait partie des dix plus grands pollueurs d’Île-de-France. Si le projet de carrière était accepté, elle continuerait pour trente, voire soixante ans. Alors qu’on vient de poser la première pierre d’une école et d’une crèche à 500 m des fours…
Pourquoi ce projet revient-il éternellement ? La raison en est le cadeau totalement dérogatoire fait par l’État à l’industriel dans les années 1990-2000 : une « zone spéciale » (l’application unique d’un article du Code minier à une carrière) vouant 550 hectares de terres agricoles à la recherche et à l’exploitation de calcaire… exclusivement. Il s’agissait — il s’agit toujours — d’aider l’industriel à persévérer malgré les oppositions de plus en plus affirmées. En juillet dernier, la multinationale a déposé une demande d’exploitation pour une première tranche, 100 hectares à Brueil-en-Vexin.