Les premières lignes de cet article qui a le grand mérite d’exister sous la plume de Monsieur Grégoire Allix, décrivent sommairement la situation telle qu’elle se présente en août 2019.
Cette présentation est incomplète, mais il ne peut en être autrement pour évoquer en une demi-page de quotidien un dossier vieux de plus de 20 ans, et qui comporte aujourd’hui des milliers de pages destinées à l’information du public.
Pour justifier cette décision des services de l’Etat, d’autoriser une carrière d’extraction de calcaire cimentier sur la commune de Brueil en Vexin, il est fait référence entre autres à la phrase suivante :
« C’est un choix stratégique que de maintenir la carrière et la cimenterie au plus près des besoins » (1)
Propos assumés par Monsieur H. Kaltembacher chef de l’unité territoriale de la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement, et de l’Energie (DRIEE) de la préfecture des Yvelines.
Cette vision des services de l’Etat est celle des années 2000, mais, vingt ans plus tard d’autres considérations sont apparues (dérèglement climatique et ses conséquences, nouveau ciment plus écologique, construction en bois plus performante sur le plan de l’isolation de l’habitat, etc…), et il est donc primordial de les prendre en compte dans un dossier où l’impact environnemental (air, eau, paysage, nuisances) d’une carrière et sa cimenterie est considérable.
De plus, la proximité de la ressource (calcaire-ciment) par rapport aux besoins n’est pas démontrée compte tenu des évolutions en cours (voir note jointe AVL3C Juillet 2019).
Cette décision d’autorisation est contraire au vote exprimé par une majorité des élus de la Communauté Urbaine Grand Paris Seine et Oise, plus de 45 maires du territoire, trois députés, deux conseillers régionaux et plus de 2500 citoyens tous opposés à cette décision aberrante.
Revenons en quelques mots sur le dérèglement climatique qui se produit dans le monde entier sous nos yeux. Dans le cas présent de l’industrie cimentière, l’impact des émissions de G.E.S. (Gaz à Effet de Serre) de cette industrie est évalué à 6 % des émissions mondiales.
Il est donc plus que nécessaire comme dans d’autres domaines, ex : la mobilité, l’isolation thermique des bâtiments, la production de certains matériaux comme le ciment, de changer complètement, voire d’abandonner certains modes de production.
Des solutions existent voir l’article : Les alternatives écologiques au ciment traditionnel. Il fait suite à celui du Monde du 10 08 2019 Grand Paris la carrière qui fâche.
Un sujet qui n’est pas évoqué dans cet article du « Monde », c’est celui des combustibles utilisés pour le four de la cimenterie.
Pour les services de l’Etat une priorité, le maintien en activité de la cimenterie de Gargenville, car celle-ci pourrait recourir en partie pour alimenter son four, aux Combustibles Solides de Récupération (C.S.R), qui sont en réalité des déchets (pneus, farines animales, huiles, peinture, plastique…).
Par un contrat de filière avec le ministère de l’industrie les cimenteries françaises se sont engagées à atteindre un taux de substitution énergétique de 50% d’ici 2020 (Source SFIC, plaquette Infociments).
Cette évolution permet certes de s’attaquer au lourd problème des déchets en France, en les utilisant donc comme combustible. Mais elle permet à l’industrie cimentière aussi d’échapper à la taxe carbone pour le tonnage des CSR utilisés, alors qu’elle est applicable aux combustibles fossiles.
Cette évolution aurait pour effet de transformer la cimenterie de Gargenville en incinérateur pour les trente ans à venir, sans que les citoyens aient voix au chapitre, il est donc primordial de l’évoquer dès à présent !
L’AVL3C reste bien entendu à la disposition de Grégoire Allix et des journalistes intéressés pour évoquer toutes ces questions.
Une chose est sûre, pour nous, citoyens et habitants, une cimenterie doublée d’un incinérateur ne doit pas avoir sa place dans une zone densément peuplée, parmi 11 000 riverains. Pas plus, d’ailleurs, qu’une cimenterie seule.
PB. Membre du conseil.
(1) « Pour l’AVL3c une des visions qui devrait être « stratégique » pour l’intérêt général au 21ieme siècle, c’est de conserver des terres agricoles très fertiles et nourricières au plus près des 12 millions de franciliens ».
Argumentaire AVL3C sur production et besoin de ciment en Idf