A la tête du conseil régional de l’ordre depuis octobre 2017, Christine Leconte estime que la profession doit aider élus et acteurs publics locaux à réaliser au plus vite une transition vers autre modèle de construction et d’aménagement du territoire.
Aménagement du territoire, logement, mobilité, cadre de vie. Autant de thématiques que les Français ont choisi d’aborder lors du Grand débat et sur lequel le conseil régional de l’ordre des architectes d’Ile-de-France (Croaif) prend position depuis l’élection de sa nouvelle présidente, Christine Leconte. « La question est : comment on arrive à la fin d’un modèle et comment on réalise une transition vers un autre », a expliqué la dirigeante qui enseigne à l’Ecole d’architecture de Versailles.
« Il s’agit là d’un changement de politique majeur. Aujourd’hui, l’aménagement du territoire doit prendre une place extrêmement forte dans la manière dont nous pensons l’économie. Cela passe notamment, pour les architectes, par des conseils en amont aux élus. »
- L’Anru et EuropaCity dans le viseur
Dans le viseur de la présidente, l’Anru. « Il va falloir décaler certaines politiques publiques comme l’Anru pour les mettre au jour des grands enjeux environnementaux, avec un objectif de maintien du bâti existant pour éviter des bilans carbone trop lourd. Et il faut se demander si le patrimoine qu’on a déjà n’a pas une meilleure qualité d’usage que celui que l’on va construire. Nous avons ainsi pris position auprès du préfet de région sur la question du patrimoine du XXe siècle avec la démolition de certains grands ensembles de logements sociaux et lancé une alerte sur celle d’une partie de la Butte Rouge à Chatenay-Malabry. Si un maire en arrive là, c’est notamment parce que l’Anru lui demande de démolir pour reconstruire. » Autre combat de Christine Leconte : EuropaCity. « Je me suis félicité du recours sur le PLU de Gonesse. J’espère que ce projet ne verra pas le jour. »
- Les JO à l’heure du biosourcé
Mais le grand cheval de bataille de la présidente du Croaif reste le développement pour le bâtiment de filières alternatives au béton. « Avec les autres acteurs du comité de liaison des matériaux biosourcés d’Ile-de-France – la chambre régionale d’agriculture et les interprofessions chanvre, bois et paille – nous avons contribué à la sensibilisation de la Solideo aux intérêts des matériaux biosourcés. Le choix opéré par la Solideo, la Société de livraison des ouvrages olympiques, de bâtir le village des JO en matériaux biosourcés, notamment en bois, nous paraît très encourageant. » Cela a été annoncé officiellement au dernier Mipim par Julien Denormandie, le ministre du Logement. C’est un challenge. On sait que ¾ des acteurs du secteur pensent la chose impossible. Moi, j’y crois. Si les filières s’y préparent dès maintenant, c’est possible. »
Le Grand Paris express et ses quartiers de gare font aussi partie des préoccupations du Croaif. « Thierry Dallard, le président de la Société du Grand Paris, nous a demandé d’organiser des matinales d’échanges avec ses équipes pour prendre en compte plus en amont l’architecture de circuit court. L’objectif serait que ces quartiers de gares garantissent dans leurs cahiers des charges une valorisation de l’économie locale. »
Auteur
Hugues Boulet
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